POUR LIRE NOS AUTRES CARNETS DE VOYAGE, CLIQUEZ SUR LE LIEN SUIVANT :



LE FLEUVE YANGTSÉ & LE BARRAGE DES TROIS GORGES

Champs de canola près de Wuhan
5 au 8 avril 2011
Un vol de 1h40 nous transporte à Wuhan à environ 600 km à l’ouest de Shanghai. Encore une grande ville, 4,3 millions d’habitants, décidément il y a des chinois partout en Chine !!! De là, on embarque dans un autobus et pendant plus de 4 heures, on roule sur une autoroute en pleine campagne, entourée de champs jaunes, du canola en fleur ! Ici et là, des maisons de stuc gris à 2 étages se découpent dans le paysage. C’est une région plane, une des les plus fertiles de la Chine. Heureusement, nous sommes au printemps car on surnomme Wuhan, le «fourneau» de la Chine, en été, les températures pouvant atteindre plus de 40o C !

On surnomme «Petit empereur», l'enfant unique en Chine
Comme partout dans le monde, les jeunes abandonnent les campagnes et l’agriculture, préférant rechercher le confort des villes. Le gouvernement multiplie donc les incitatifs pour que les jeunes restent sur la terre, notamment, un assouplissement la politique de l’enfant unique. Celle-ci,  en vigueur depuis 1973, vise à limiter l’accroissement de la population :  en ville, un seul enfant par famille est permis; à la campagne, si le 1er enfant est une fille, on a droit à un 2e enfant. Les minorités ethniques étant moins nombreuses et paysannes, elles ont des règles différentes; on leur autorise 4 enfants à 4 années d’intervalle chacun. En ville, si on a un 2e enfant, on doit payer une amende de 18 000 $ et si un des parents est fonctionnaire, il perd son travail; seuls les gens riches peuvent donc se permettre d’avoir plus d’un enfant. On dit toutefois que l’espérance de vie s’améliorant et la population vieillissant, l’État songe à assouplir cette politique, le fardeau économique devenant trop lourd pour la population active.
Le Yangtsé surnommé «le fleuve bleu» s’étire sur 6 300 km; il prend sa source dans les montagnes du Tibet et traverse 7 provinces chinoises et se jette dans la Mer de Chine un peu au nord de Shanghai. En route, il recueille l’eau de centaines de tributaires. Plus de 40 millions de personnes habitent le long du fleuve dont Chongqing, Wuhan et Nanjing sont les principales agglomérations.
Le barrage des Trois gorges
Le barrage des Trois gorges sur le Yangtsé... impressionnant !
Notre croisière débute par la visite du fameux barrage des Trois gorges près de la ville d’Yichang. Ce barrage hydro-électrique est célèbre en Chine et à l’étranger, parfois pour des raisons fort différentes. Dès 1919, le président de la Chine, Sun Yatsen, avait perçu l’immense potentiel des Trois gorges pour la production d’énergie. Ce n’est toutefois qu’en 1994 que la construction du barrage a débuté. Complété en 2006, en avance sur sa planification, le barrage, le plus grand au monde, est aussi le plus grand projet d’ingénierie chinois depuis la Grande muraille. Le barrage a fait reculer le fleuve de plus de 550 km et a inondé une superficie égale à celle de Singapour. Mis à part les considérations environnementales, ce projet fut très contesté à cause des 1,5 million de personnes qui ont dû être déplacées, des villes entières ayant été submergées. Le barrage lui-même est une structure de béton imposante de 185 m de haut et 2 km de large. Son potentiel énergétique est équivalent celui de 18 centrales nucléaires et il fournit 10% du besoin énergétique de la Chine. Le Yangstsé véhicule plus de 70% du transport fluvial du pays,
Hormis son potentiel énergétique, l’un des aspects positifs du barrage est qu’il agit comme régulateur des niveaux d’eau du fleuve. En effet, à toutes les décennies, des inondations catastrophiques se produisaient, celle de 1931 ayant coûté plus de 145 000 vies. Le coût de construction du barrage fut aussi gigantesque que le barrage lui-même; estimé initialement à environ 25 milliards $, il en a coûté finalement 75 milliards $. Vingt-six turbines, les plus grosses au monde, chacune produisant 700 megawatts-hre, pour un total de 18 000 megawatts-hre.
Notre bateau dans les écluses du barrage des Trois gorges
Un autre moment fort de la croisière fut le passage de notre bateau dans les 5 écluses adjacentes au barrage, chaque écluse mesurant 280 m de long par 34 m de large et 5 m de profond pour élever le navire de 62 m à 180 mètres en 3 heures environ et nous amener du pied du barrage au réservoir en amont. Ce réservoir s’étend jusqu’à la ville de Chongqing, le point d’arrivée de notre croisière, à 600 km de là ! Ce qui surprend le plus, c’est la rapidité de la montée des eaux dans les écluses. Les portes sont colossales. L’ensemble du dispositif représente une longueur totale de près de 1,5 km ! Ces écluses permettront un transit annuel de 50 millions de tonnes de marchandises dans chaque sens. Autre statistique intéressante, on dit que le fleuve déposera plus de 500 millions de tonnes de sédiments chaque année dans le réservoir en amont du barrage !
La croisière dans les Trois gorges

Le «Yangstsé I», notre bateau pour la croisière dans les Trois groges
Notre bateau, le «Yangtsé I» d’une capacité de près de 200 personnes est le plus gros et le plus luxueux naviguant dans les Trois gorges… rien à voir avec les méga-bateaux de croisières que nous sommes habitués de croiser aux Antilles et ailleurs mais il est tout de même très confortable et nous y serons très bien reçus et la bouffe y sera excellente.
Notre croisière, d’une durée de 4 nuits et 3 jours, fut très agréable. La section des Trois Gorges sur le fleuve Yangsté se range parmi les plus beaux sites naturels de la Chine. Les paysages des Trois gorges ont inspiré de nombreux peintres et poètes chinois et pour cause ! Des panoramas à couper le souffle auxquels se mêlent les nuages de brume qui ajoutent aux tableaux une touche mystique très zen, le tout commandant le respect de la nature et l’apaisement de l’âme.
Spectaculaires falaises du fleuve Yangtsé, surnommé le «fleuve bleu»
Une fois les écluses du barrage franchies, on navigue sur un grand fleuve calme aux côtés de traversiers, petits cargos et charbonniers qui sillonnent aussi ce grandiose paysage. Les trois passages des gorges de Xiling (76 km), Wu (44 km)et Qutang (8 km) sont des plus spectaculaires, des montagnes de 800 m de haut et des falaises coupées au couteau plongeant dans le fleuve.
 Notre parcours de 660 km de Yichang à Chongqing sera aussi agrémenté de quelques visites toutes aussi spectaculaires. À Badong, nous monterons dans un plus petit bateau pour naviguer sur un affluent plus étroit où notre bateau ne peut entrer, le Shennong, puis sur de petits sampans propulsés par 5 rameurs de la minorité ethnique des Tujias pour admirer des gorges encore plus étroites.  Avant la construction du barrage, cet affluent n’avait qu’un mètre de profond et les hommes devaient souvent «haler» les embarcations soit directement dans l’eau soit via des sentiers de halage sur les rives. Maintenant, il y a 20 m d’eau sous les sampans et le poisson est beaucoup plus nombreux. Les habitants ont dû toutefois déménager plus en hauteur et transporter avec eux leurs plants de colza qu’ils ont replanté dans de nouvelles cultures en terrasses. Partout le long du fleuve, on observe une bande d’une dizaine de mètres de haut où il n’y a pas de végétation, signe de la ligne des hautes eaux; de même, les villages sont construits en hauteur, à l’abri des inondations, d’où de nombreux escaliers pour atteindre le niveau du fleuve; escaliers et cultures en terrasses partout, les chinois du coin doivent avoir le mollet bien ferme !
Un démon qui mange une main... à la Cité des fantômes
Nous poursuivons notre remontée du Yangtze avec une escale originale à Fengdu, petite localité qui abrite la Cité des fantômes, le Guicheng, construite au cours de la dynastie des Han il y a 2 000 ans. Le Guicheng serait le lieu de résidence des démons et du diable. Plus de 20 temples avec des noms évocateurs tels le «Temple du Pont du désespoir», le «Palais du Roi de l’enfer», ou celui de «Entre les vivants et les morts» y ont été construits en hommage à des démons; des statues colorées représentent des diables et des démons les plus effrayants les uns que les autres. Sérieux tout ça ? C’est une question de croyance, de conviction et de philosophie. Même si on se croit parfois dans un cirque, il n’en demeure pas moins que Guicheng demeure un symbole très fort car on ne plaisante pas avec les démons en Chine !

Au menu, feuilles de bambou pour le panda
À notre débarquement à Chongqing, nous sommes allés au zoo pour voir les fameux pandas chinois ! Rien à voir avec les oursons jouets que l’on veut nous mais bien de gros ours bien dodus à la démarche lourde des ours polaires. La visite a été rapide mais on aussi pu voir deux jeunes ratons laveurs de couleur orangée se chamailler joyeusement ainsi que des énormes hippopotames, chameaux, grues etc.  Le zoo est aussi un magnifique jardin avec plein de grands arbres et talles de bambous, le tout sillonné de petits ruisseaux bucoliques.

Nous avons revêtus nos habits chinois pour la Soirée du capitaine !

Notre croisière aura été une très agréable étape de notre  voyage : un beau changement de rythme, des décors fabuleux et une belle occasion pour ces dames et ces messieurs de sortir de leurs valises leurs plus beaux atours pour la Soirée du capitaine !